Fragments d’écriture

Un fil d’Ariane traverse la vie et l’œuvre de l’artiste québécois Louis Boudreault comme un fil d’or, nous guidant à travers la couleur, le langage vivant et l’éthique de la création.

Un fil relie toutes les facettes de son travail : les nuanciers, les portraits, et maintenant les peintures de mots cousus et qui suivent sa litanie d’objectivités  fragmentées telles que présentées devant nous, une entrée privilégiée dans le monde de la mémoire profonde, fondatrice.

Les mots qu’il choisit de mémoriser sont démesurément résonnants, d’autant plus qu’ils ne sont jamais des suspects habituels de la citation. Les phrases deviennent comme des lignes dans un poème, activées par une intensité de couleur qui est une épiphanie à part entière. En fait, la table est mise pour que la profondeur du langage se déploie en puissance et en élégance. 

L’invention formelle de ce travail à la façon de la peinture est importante. Par exemple, les extrémités des fils qui pendent nonchalamment de chaque lettre réinventent les coulures de pigments présentes dans l’œuvre de Jean-Paul Riopelle et de Jackson Pollock.

La courbure des lettres prête une sorte de rythme à la lecture de l’œuvre, une allure élégante et sans hâte que dessinent ces broderies linguistiques dans une complicité intime et lyrique. L’archivage des grands textes en tant qu’extension publique et prothétique de la mémoire est désormais rendu irrévocablement privé et ensuite soumis au processus artistique complexe de fabrication, puis partagé. 

Avec ses Fragments d’écriture Louis Boudreault nous donne effectivement ce qu’Ariane a donné à Thésée : non seulement des fragments d’une archive incandescente en mots tissés, mais une bobine de fil qui enregistre une entrée, un parcours et une sortie. 

James D. Campbell

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